Rêvant d'un monde où chaque jour serait la journée du contraire, je m'ouvre à vous.
Dans ce monde les hommes seraient ainsi contradictoires à souhait, et n'en viendraient jamais aux faits... Les faits réels, comprenez-vous ?
Mais, n'est-ce pas en réalité dans ce monde que nous vivons ?
Sont-ce les faits ou bien les mots qui nous éveillent à la vie ?
Je resterai la seule à garder les yeux ouverts sur tous ces dormeurs.
Oh, beauté de la vie, beauté de l'insouciance d'un jour...
Ce jour qui fait descendre jusqu'aux profondeurs de l'Humanité une étrange ambiguïté, nous donne un message de sagesse.
Il faudrait donc dire ce que l'on pense pour enfermer dans la boîte de Pandore cette journée diabolique !
Lorsque j'étais enfant, dans la lointaine Autriche, mon père me racontait souvent l'histoire de la chandelle.
Il me disait, de sa voix rauque abimée par tant d'année de vente dans les marchés d'Autriche : "C'était l'histoire d'une sombre chandelle. Elle somnolait au gré du vent, disant qu'elle était un poignard. Les autres mobiliers d'intérieur ne cessaient de démentir ce qu'elle pavanait, mais cela n'y faisait rien, elle expliquait au pot d'encre combien elle était aiguisée, combien elle était indispensable aux hommes. Tous l'entendaient sans plus vraiment l'écouter. Un jour pourtant, pendant que l'homme des lieux se servait de l'encre pour écrire une lettre au chef des Templiers, un homme armé d'un poignard survint de nul part et tua l'homme des lieux. La chandelle avait vu le poignard, pourtant, jamais elle n'aurait accepté de servir tel dessein. Alors elle se laissa mourir, et les cinq flammes de sa vie s'éteignirent."
J'en avais tiré tout comme vous une morale : celle qu'il ne faut pas mentir son être, car dans ce cas on ment sa vie.
Et cette vie, que dis-je, cette obsolète et miséricordieuse toile sur vide, qui nous tient, qui nous guide, mais avant tout, malgré tout, en dépit de toute volonté, nous quitte.
Pleurons, pleurons, mes lecteurs !
Mais la vie, c'est la vie,
Et la vie est triste.
J'ai mal au plus profond de moi, mais c'est cette douleur qui me fait davantage sentir que la notion de journée du contraire est infondée.
Qu'elle est purement et simplement un extrême, rien de plus que cela.
Et qu'à chaque fois que l'on ment, que l'on se ment, on tend un peu plus vers cet extrême.
Cessez de mentir.
La vie vaut mieux que cela.
Aven Berger
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